bol claire 2012 |
"Le
potier traîne avec lui une fatalité qui le condamne à sans cesse répéter - se
répéter- c'est ainsi qu'il a construit de la vie une philosophie tout à fait
rudimentaire : "demain il faudra tout recommencer et peut-être y
trouverai-je le bonheur". Il fait donc des pots, même quand l'inspiration
n'est plus là et que le doute s'installe. Des pots c'est à dire des sculptures
creuses, comme s'il fondait des cloches qui puissent à jamais garder leur
matrice originelle : le vide. Un vide ambigu, tout à tour sublime et dérisoire,
inconfortable ou chaleureux. Alors il lui arrive de faire des pots qui ne
soient ni des cruches ni des saloirs mais des objets sacrés ayant un rapport
avec le culte, le culte des morts, dit-on, comme si les vivants ne suffisaient
plus.
Et puis, quand l'émotion devient trop tangible, ou la réflexion trop éthérée, il lui faut en bon potier, s'empresser d'agir. Faire sans penser, faire sans rêver, sans goûter à plein le corps las, le laisser-aller des gestes débridés et des mains qui pataugent dans la boue. Les bols libres. Les bols du plaisir."
Et puis, quand l'émotion devient trop tangible, ou la réflexion trop éthérée, il lui faut en bon potier, s'empresser d'agir. Faire sans penser, faire sans rêver, sans goûter à plein le corps las, le laisser-aller des gestes débridés et des mains qui pataugent dans la boue. Les bols libres. Les bols du plaisir."